Montre de gousset en argent, France 1er Empire.
16 novembre 2022
Sans titre, Alexandre CALDER
9 janvier 2023
Afficher tout

Jeune Mère à la grotte, Auguste RODIN

282,000 

Description

Auguste RODIN (1840-1917).
Jeune Mère à la grotte ou Jeune Mère ou Caresse maternelle ou Femme et Enfant dans une grotte ou Coquille femme et enfant.
Modèle créé vers 1885, probablement une fonte de GRIFFOUL et LORGE ou de François RUDIER entre 1887 et 1901.
Haut-relief en bronze à patine noire, fonte au sable, signé « Rodin » à droite du bras gauche de l’enfant.
H. 37,5 cm.
Présenté sur un socle en marbre vert.

Provenance : Acquis par Jean PAISSEAU auprès d’Auguste RODIN vers 1916 ; par descendance.

OEuvre en rapport :
-Jessie LIPSCOMB, photographies du projet de la Porte de l’Enfer, 1887, Paris, musée RODIN, Ph. 23.

Autres exemplaires répertoriés dans les collections publiques :
Plâtres :
-Auguste RODIN, Jeune mère à la grotte, 1885, plâtre, H. 40,5 x L. 30,2 x P. 24 cm, Paris, Musée RODIN, inv.S.1196 ;
-Auguste RODIN, Jeune mère à la grotte, 1885, plâtre, H. 36,5 x L. 28 cm, Londres, Victoria and Albert Museum, inv. A.25-1924 ;
– Auguste RODIN, Jeune mère à la grotte, plâtre, H. 35,6 x L. 25,4 x P. 17,8 cm, Philadelphie, Philadelphia Museum of Art, inv. F1929-7-102 ;

Marbres :
-Auguste RODIN, Jeune mère à la grotte, 1891, marbre par Jean ESCOULA, H. 70,8 x L. 65,1 x P. 37 cm, Philadelphie, Philadelphia Museum of Art, inv. 2010-11-1 ;
-Auguste RODIN, Jeune mère à la grotte, vers 1890, marbre, signé, H. 62 cm, coll. Kasser Art Foundation, Oklahoma, Philbrook Museum ;
-Auguste RODIN, Jeune mère à la grotte, marbre, ancienne collection DURAND-RUEL.

Bronzes :
-Auguste RODIN, Jeune mère à la grotte, 1886, signé en haut à droite « Rodin », bronze, H. 36 x L. 25,5 x P. 22 cm, Argentine, Buenos Aires, musée des Beaux-arts, inv. 7776 ;
-Auguste RODIN, Jeune mère à la grotte, bronze, signé en haut à droite « Rodin », Ohio, Canton, Canton Museum of Art, inv. 46.47 ;
-Auguste RODIN, Jeune mère à la grotte, bronze, signé en haut à droite « Rodin », H. 38 x L. 26 x P. 14 cm, Paris, musée Marmottan, inv. MM 5180 ;
-Auguste RODIN, Jeune mère à la grotte, 1885, bronze, signé en haut à droite « Rodin », H. 37,2 x L. 21 cm, Glasgow, Burrell Collection : European Statuary Bronzes, inv. 7.17.

Littérature en rapport :
-Georges LECOMTE, L’art impressionniste d’après la collection privée de M. DURAND-RUEL, Paris, Chamerot et Renouard, 1892, pp. 163-167 ;
-Victoria and Albert Museum, Catalogue of sculpture by Auguste RODIN, London, Pub. Under the authority of the Board of Education, 1925, pp. 20-22;
-John TANCOCK, The Sculpture of Auguste RODIN: the collection of the RODIN museum Philadelphia, Philadephia, D. R. Godina, 1976, pp. 182-185;
-Antoinette Le NORMAND-ROMAIN, « Un mécène aussi généreux que discret, les commandes de sculptures de Maurice FENAILLE à Rodin », dans Maurice FENAILLE. Les secrets d’un mécène, cat. exp., Rodez, musée Denys-Puech, 31 mars-2 juillet 2000, pp. 51-78;
-Antoinette Le NORMAND-ROMAIN, RODIN en Buenos Aires. Su influencia y de otros escultores franceses en la Argentina, cat. exp. Buenos Aires, Museo nacional de bellas artes, 16 octobre-2 décembre 2001, Buenos Aires, Fundacion Antorchas, 2001, pp. 26-27, p.156;
-Antoinette Le NORMAND-ROMAIN, Les Bronzes de RODIN. Catalogue des oeuvres au musée RODIN, Paris, musée RODIN, 2007, vol. 2, pp.469-472;
-Dominique LOBSTEIN, « Auguste RODIN et la sculpture dans la collection MONET », dans Marianne MATHIEU, Dominique LOBSTEIN, MONET collectionneur, cat. exp. Paris, musée Marmottan, 14 septembre 2017-14 janvier 2018, Vanves, Hazan, Paris, musée Marmottan Monet, 2017, pp. 150-155.

Note : Le modèle de la Jeune mère à la grotte date des années 1885-1886. À cette époque, RODIN, s’il est déjà un sculpteur reconnu, n’est pas encore le maître incontournable qu’il deviendra après l’exposition de l’Alma en 1900. Durant les années 1880-1890, RODIN exécute de nombreux portraits de l’intelligentsia parisienne qui le font vivre confortablement. Le scandale de L’Âge d’airain est derrière lui et la Ville de Paris le lui a acheté. Il travaille avec acharnement à son projet de la Porte de l’Enfer commandée par l’Etat en 1880 et expose à la Galerie Georges PETIT, à la galerie DURAND-RUEL, à la Société internationale des Beaux-Arts, en province et à l’étranger. En 1886 et 1887, RODIN expose chez Georges PETIT de petites oeuvres plus particulièrement en lien avec la Porte de l’Enfer. À la galerie DURAND-RUEL en février et mars 1886, il expose pour la première fois sous le titre « Femme et l’Amour » la Jeune mère à la grotte que l’on retrouve aussi, sur des photographies anciennes, surmontant le pilastre gauche de ses projets pour la Porte de l’Enfer. À l’origine, ce groupe était destiné à son grand mécène de toujours Maurice FENAILLE auquel est adressé, en date du 15 décembre 1889, la demande du paiement d’une version en marbre.
À cette époque, RODIN travaille autour de la représentation de la femme et de l’enfant à travers des maternités et des thèmes mythologiques. À partir de ce même duo (mère et enfant), il décline trois groupes : la Jeune mère à la grotte en haut relief, le même modèle dans une version en ronde-bosse, puis L’Amour qui passe, variante des deux précédents, avec l’enfant couché sur les genoux de sa mère et affublé des deux petites ailes de Cupidon. Dans notre bas-relief, la grotte, enveloppante et protectrice, met l’accent sur le lien fusionnel et charnel qui unit l’enfant et sa mère. En 1886, Auguste RODIN et son élève Camille CLAUDEL entretiennent une romance passionnelle et travaillent en collaboration autour de ce thème.
Dans les années 1880-1890, RODIN cherche à diffuser son OEuvre en bronze tout en maîtrisant à la fois la qualité des fontes et les coûts de fabrication. Ainsi, il fait appel à différents fondeurs. Pour la Jeune mère à la grotte, il fait travailler, dès 1887, majoritairement les fondeurs GRIFFOUL et LORGE (4 en 1888, 2 en 1889, 1 en 1890, 1 en 1892, 1 en 1895, 2 en 1896) et François RUDIER (2 en 1887, 1 en 1893, 1 en 1895, 1 en 1897, 1 en 1900, 4 en 1901), mais aussi GRUET (1 en 1891, 1 en 1892), Léon PERZINKA (1 en 1899), enfin Alexis RUDIER (sans doute un exemplaire en 1905). Notre exemplaire réalisé par la méthode de la fonte au sable présente toutes les caractéristiques des fontes de GRIFFOUL et LORGE et de François RUDIER (ce qui n’est pas étonnant puisque ce dernier fut, avant 1883, associé avec GRIFFOUL). On peut rapprocher notre exemplaire tout particulièrement de celui offert par Auguste RODIN à Claude MONET en 1888 : « Mon cher Rodin, Que je vous dise combien je suis heureux du beau bronze que vous m’avez envoyé. Je l’ai placé dans l’atelier afin de la voir constamment. » (Lettre de Claude MONET à Auguste RODIN, 25 mai 1888). Les deux épreuves présentent les mêmes caractéristiques de fonte, la même patine, la signature de l’artiste placée en haut à droite et la marque de fondeur est absente.

Alors que le chimiste verrier Charles FEIL, un des premiers soutiens d’Auguste RODIN, avait reçu en cadeau un très beau buste de jeune fille en terre cuite (cf. lot supra), son petit-fils Jean PAISSEAU achète ce bronze au sculpteur : « Cher maître, [] Comme je désire depuis longtemps posséder une de vos oeuvres, je vous serais très obligé de me faire savoir si vous consentiriez à m’en céder une. » (Lettre en date du 20 octobre 1916 ). Cet homme avait eu l’occasion d’admirer dans sa famille le buste en terre cuite de RODIN et avait probablement été témoin en 1900 des démarches de son père, Charles PAISSEAU, pour faire reconnaitre et signer de la main de Rodin l’oeuvre. Cette demande de Jean Paisseau date de 1916, en pleine guerre, période où la pénurie de métal à fondre est criante, empêchant l’activité des fondeurs. Ce contexte laisse supposer que l’oeuvre vendue par Auguste RODIN à Jean PAISSEAU ait été un exemplaire fondu antérieurement et encore en sa possession, le modèle de la Jeune Mère à la grotte ayant connu une belle célébrité dans les années 1890 – 1900.

Adjugé le 26 novembre 2022 lors de la belle vente