Manuscrit non signé, probablement attribué à Breguet, parlant de plusieurs aspects clés de la maison Breguet et intitulé « sur un projet de circulaire – Horlogerie de Breguet à Paris ».
Manuscrit de dix pages évoquant plusieurs aspects important de la maison Breguet trente ans après ses débuts en 1775, ce dernier n’est pas signé mais il est possible de le dater avec précision en lisant les écrits « … il y a plus de 30 ans que Breguet jouit en Europe d’une assez grande célébrité, tant par la variété de ces produits que par leur perfection de beauté … » page 1.
Ces écrits font aussi état de la société et de la position de Breguet à l’époque soit trente ans après sa fondation, ce qui nous ramène vers l’an 1815, une année charnière avec la fin de l’Empire et la restauration de la Monarchie « aujourd’hui Breguet et Fils croient devoir faire connaitre au public les changements qu’il faut à leur établissement changement nécessité par le nouvel ordre des choses qui s’établit & qui porte les esprits à priser les objets bien plus par leur utilité que par leur luxe de travail … » page 1.
Parlant du travail des horlogers Breguet notre manuscrit évoque l’importance de leurs réalisations « ils ont en conséquence porté leur recherches sur une construction plus simple, qui supprime tout ce qui est inutile pour obtenir autant de solidité et de régularité, qu’ont leur ouvrage de première classe, sans rien changer à leur extérieur … » page 1.
Les considérations économiques sont également évoquées pour la fabrication de montres de manière plus efficace sur le plan de la rentabilité de l’entreprise « afin de mettre aussi plus d’économies dans les frais de comptabilité et baisser d’autant le prix de l’ouvrage, Breguet & fils supprimant tout crédit … chaque pièce portera l’acquit de sa valeur … » page 2.
La fabrication des montres en deux secteurs distinctes est évoquée pour bien décrire le travail de Breguet et la répartition des tâches « l’établissement sera divisé en deux parties, l’une pour les ouvrages d’observation, l’autre pour ceux à usage civil, chacune de ces deux parties se divisera en deux classes l’une dont le travail ne surpassera pas ce qui est nécessaire pour avoir solidité et bonne marche, et l’autre dont le travail de luxe ajouté à la solidité et à la beauté de l’ouvrage le rendra plus précieux » pages 5 et 6.
Les montres sont décrites en deux catégories pour l’observation sont décrites avec précision « la première classe de la partie des ouvrages d’observation est en boîtier d’or et à des trous de rubis autour des pivots du rouage … la seconde classe n’a de rubis qu’aux parties frottantes de l’échappement et du régulateur … dans cette classe il n’y a que l’utile et le travail du mouvement est sans luxe de main d’œuvre … » page 6.
Le prix est également évoqué pour positionner les différentes classes de montres réalisées et produites par la maison Breguet Fils « prix des ouvrages horloges et montres d’observation … 1er classe tourbillon 2’400 fr … même classe sans tourbillon 2’100 fr … 2e classe boîtier d’argent 1’200 fr … montres à l’usage civil … 1er classe d’homme 2’400 fr … même classe pour femme 3’000 fr … 2de classe pour homme 1’000 fr … même classe pour femme 1’200 fr » page 8.
La commande et la livraison des montres est également mentionné avec des détails intéressants « pour s’assurer de la vente d’un ouvrage lorsqu’il n’y en aura pas de prête, et qu’on en fera la commande, Breguet & Fils recevant de l’acquéreur le quart du prix de son prix pour arrher et à compter jusqu’à l’époque de la livraison en fragment les trois autres quarts … » page 8.
Les imitations à l’époque de montres Breguet sont mentionnées au travers de faits et informations précises « Breguet & Fils croient devoir prévenir aussi le public … que plusieurs dans l’Étranger et à Paris même se disant leurs élèves ne le sont pas du tout, n’en reconnaissant aucune qui puisse légitimement pendre ce titre, l’abus que l’on fait de leur nom soit en le plaçant sur des montres de toute espèce soit en se l’arrangeant sous le titre d’élève, les autorise les oblige même à s’en plaindre enfin publiquement … » page 10.
Ce manuscrit historique parlant de plusieurs aspects de la maison Breguet et intitulé « sur un projet de circulaire – Horlogerie de Breguet à Paris » est aussi accompagné de quelques lettres manuscrites déchirées ou découpées.
Ce manuscrit pose en beaucoup de points les fondements de notre industrie horlogère moderne, parlant à la fois des coûts de fabrication des montres, des différentes typologies de montres et enfin abordant le sujet de la contrefaçon, sans doute pour la première fois dans l’histoire de l’horlogerie, ce qui témoigne de l’importance de la maison Breguet et de son fondateur considéré à juste titre comme le père fondateur de l’horlogerie moderne.